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1914-1918 et les Tursacois

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1914-1918 et les Tursacois

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Les témoignages

Les témoignages transmis par les Tursacois de retour de guerre ne montrent pas un particulier désarroi psychologique, au contraire des hommes des villes qui ne retrouvaient sans doute pas un cadre familial aussi soudé.

Beaucoup n’étaient jamais sortis de leur village avant leur service militaire. Comme Jean Scudier, malgré toutes les souffrances endurées, ils avaient découvert d’autres horizons, et certains ont eu des difficultés pour se réinsérer et sont « montés » à la ville avec un grand désir de liberté et d’indépendance, même s’ils sont revenus par la suite.

Les plus jeunes n’avaient pas eu le temps de prendre leur place dans l’exploitation et, après 5 ans d’absence, avaient souvent fait une croix sur ce qui se passait dans le village.

D’autres, ne pouvant supporter l’autorité du patriarche de la famille, étaient confrontés à l’indépendance acquise par les femmes qui avaient assuré avec succès la marche de l’exploitation.

Certains, enfin, ressentaient une réelle amertume devant le manque de reconnaissance de la part de ceux qui s’étaient débrouillés sans eux pendant 5 ans.

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La vie au front

Jean Scudier, dit Marcel, artilleur, raconte sa guerre à son petit-fils.

Jean Scudier, né à Tursac en 1895, est parti faire son service militaire à Tarbes, en 1912 et il a enchaîné sur la guerre en 1914. Aussi est-il resté 6 ans hors de chez lui. Il avait appris à dresser les chevaux pendant son service.

Ayant commencé par être brancardier, il a retrouvé son corps d’affectation, à La Rochelle, pour dresser les chevaux venus d’Argentine en bateau, destinés au front. « On n’avait pas assez de chevaux en France pour tirer les canons, pour ravitailler..…..et pour nourrir les soldats ».

D’après son petit-fils Jean-Marie, Jean Scudier, affecté à l’artillerie, a probablement connu une vie moins dure que celle de l’infanterie. Cependant les artilleurs ont souffert du froid, de la boue; ils dormaient sur les chevaux, tiraient au canon….et comme bien d’autres, Jean Scudier est revenu quasi sourd. ll a fait toute la campagne, a participé à Verdun, « bien sûr ! 300 jours de bombardement ! »

« À Verdun, ils étaient obligés de déplacer les canons parce qu’il n’y avait plus assez de Place pour que les douilles puissent s’éjecter. Des montagnes de douilles… ils tiraient pendant des journées entières. Mais jamais je ne l’ai senti  mal, quand il racontait. C’était comme ça !

Avait-il peur sur le front ? Il ne se rendait peut-être pas compte de l’ampleur du désastre parce qu’il n’y avait pas de communications téléphoniques.

Il voyait des gars tomber à la pelle tout autour de lui et savait que lui-même pouvait étre tué un jour ou l’autre…mais bon… ! Un jour, il attendait les Boches, le fusil à ses côtés, et parlait à un camarade qui ne répondait plus. Il était mort, quoi ! »

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Lettre Mémoire

« Je crois que mon grand-père ne réfléchissait pas vraiment sur le moment. Il ne se battait pas pour des idées, il obéissait, c’est tout. Et il a eu l’immense chance de ne pas être blessé »

« Le véritable choc, il l’a eu dans les années 70, lorsqu’ils est retourne dans les Ardennes, quand il s’est retrouvé au fort de Douaumont qui domine le champ de bataille de Verdun et qu’il a vu les cimetières, les tas d’ossements »

« Jamais, je ne l’ai entendu parler vraiment de copains, périgourdins. A part Friot, de Tursac, qui était Mourmelon, mon grand-père disait qu’il côtoyait surtout des Basques avec qui il avait fait son service militaire »

« La vie au front, il ne parlait que de ça. C’était leur jeunesse, comme nous, nous parlions d’aller au bal, eux, c’était là-haut… Du bon temps, certes non, mais entre deux coups durs, ils s’amusaient, quoi, comme des soldats : les chansons à boire n’étaient pas tristes ! Ils pariaient du pinard, évidemment. Mon grand-père disait : « C’est le pinard et le canon 75 qui ont gagné la guerre de 14 » ».

« À propos du pinard, ils se débrouillaient toujours pour avoir une ration supplémentaire : celui qui le distribuait mettait un pouce au bord du quart pour faire monter le niveau. À la fin de la distribution, il avait récupéré un bidon…pour sa consommation personnelle ! A propos du canon 75, à la  « cote 304 », dans l’Argonne, ils ont tellement tiré sur une colline, pendant des jours et des nuits, qu’ils ont fait baisser son niveau de 7 m ! »

« A propos des uniformes, tout le monde sait que les pantalons rouges datant de Napoléon ont vite été remplacés par les tenues bleues, Mais saviez-vous que les Ecossais montaient au front, en kilt au son de la cornemuse ? Le pépé ajoutait en patois et en rigolant : au retour, il n’y avait plus de musique et il en manquait la moitié »

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Pierre de Fleurieu

Un autre soldat de Tursac :

Pierre Claret de Fleurieu (1896-1976),

Chateau de Marzac

Pierre de Fleurieu a 19 ans en 1915. Sorti de St-Cvr, il est affecté au 28 régiment de dragons, en première ligne dans la somme.

Mais c’est le début de la guerre de tranchées et « les cavaliers sont ridicules et exposés », nous dit-il, dans ses mémoires publiées en 1971. « ll faudra des années d’épouvantables pertes pour se rendre compte qu’il faut opposer des machines à des machines et non de pauvres corps humains à la fonte et à l’acier ».

Alors il décide alors de changer d’arme, passe dans l’infanterie et il est affecté au 1° bataillon de chasseurs à pied, comme sous-lieutenant. L’atmosphère de ce bataillon est bien différente de celle des dragons. « Vivre tout de suite dans le sublime », voilà ce qui motive Pierre de Fleurieu.

Mais le désir de passer à une action plus individuelle pousse Pierre de Fleurieu à se lancer dans l’aviation.

Après une rapide formation, il se retrouve dans la même escadrille que Guynemer.

En 1918, Pierre de Fleurieu, amputé du bras après une blessure en plein vol, sera considéré comme un grand héros de la guerre.

Apres la premiere guerre mondiale, Pierre de Fleurieu travaillera dans nombreuses sociétés. II créera l’aviation commerciale en Europe Centrale (la Compagnie Franco-Roumaine), deviendra directeur pour l’étranger des usines de Louis Blériot, développera des concessions Citroen à l’étranger et partira même au Brésil pour faire fonctionner une hacienda d’élevage !

Pendant la deuxième guerre mondiale, il sera le Capitaine Vézère, grand résistant.

Faute de moyens financiers, il sera contraint de vendre le château en 1970.

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